​Tiphaine Lopez

Le projet

 

 

De la verve, de l’allégresse, de la désinvolture!

 

Fric-Frac est une pièce de boulevard donc comique avant tout. Et comme il s’agit de Bourdet, c’est aussi une fête du langage avec l’argot des affranchis.

 

La forte théâtralité des personnages de boulevard ne promet pas seulement le divertissement et le rire. Ils s’avèrent menteurs, désabusés et contradictoires. Tandis que l’intrigue sonde finement les mœurs sociales, les personnages par leurs stratagèmes jouent entre eux une seconde comédie. Loin des profils manichéens et des caricatures grossières, leurs caractères sont savamment dépeints.

 

Entre course aux intérêts et regains d’humanité, force de caractère et décalage des conditions, des liens se nouent entre eux malgré tout.

 

C’est ce juste équilibre entre divertissement et comédie de mœurs qui fait de Fric-Frac une réussite. Bourdet permet aux comédiens d’instaurer une complicité toute particulière avec le public.

 

Cela dit, il n’y a que peu de place à l’affiche pour le boulevard. On le dit vieilli. On dit encore que les souvenirs que nous avons de ces pièces sont encore récents. Peut-être que l’éternel débat autour de ce Théâtre, jugé plus superficiel que les autres, joue encore en sa défaveur? Le paradis est-il dépeuplé des enfants qui jubilaient devant ces pièces?

 

Pourtant, le Théâtre le plus populaire profite justement d’un essor nouveau à chaque fois qu’on le bride.

 

Dites seulement Fric-Frac, Bourdet et observez les regards de vos interlocuteurs… Certains, curieux, ne demandent qu’à voir. D’autres nombreux, s’allument immédiatement – regards pourtant sceptiques face au Théâtre qu’ils ne connaissent presque plus qu’engoncé de pédantisme.

 

Les générations héritières du boulevard sont bien là mais aspirent à plus de simplicité. Beaucoup d’entre nous ne se reconnaissent que rarement dans les spectacles auxquels ils assistent. La tendance à tout intellectualiser a désenchanté une partie du public.

 

Avec Fric-Frac, il ne s’agit pas d’entretenir une nostalgie mais de faire en sorte de se sentir concerné et de se réjouir d’une magie retrouvée en allant au Théâtre.

 

Fric-Frac renouvelle aujourd’hui l’occasion d’une communion intacte avec le public, dans une mise en scène haute en couleurs, où le verbe fuse et l’époque ressuscite.

 

De l’audace, puisque monter Fric-Frac c’est, comme Courteline l’annonçait à propos du vaudeville « le droit à la fantaisie ».

 

 

Le metteur en scène, Tiphaine LOPEZ.